Au pays des trappeurs et des Indiens
Les indiens ont débarqué à la ferme de la Ranjonnière samedi dernier...Petite Ours, Grande Ours, Trois Dents...ont fabriqué arcs et flèches après avoir écouté un conte que vous pouvez lire ci-dessous dans la cabane à histoires...
Florian a huit ans et vit au Québec*, une grande province à l’est du Canada. Son papa, Jean, est garde forestier* et travaille une semaine sur deux à la Cabane, une ancienne maison de trappeurs*, au cœur de la forêt. Pour la première fois, Jean emmène Florian à la Cabane, pour lui faire découvrir la forêt en hiver. Mais un ours et une jeune Indienne vont chambouler les projets de Florian.
Florian est réveillé, mais il préfère rester encore un peu sous l’épaisse couverture en peau de bête dont les poils lui chatouillent le bout du nez. Autour de lui, il fait froid et ça sent fort le feu de cheminée. Sa première nuit à la Cabane s’est très bien passée. Il faut dire que, hier, après le long voyage en motoneige qu’il a fait avec son père pour venir jusqu’ici, Florian s’est écroulé de fatigue. À présent, la vie sauvage peut commencer. Que c’est excitant ! La porte de la Cabane s’ouvre sur Jean, le papa de Florian, les bras chargés de bois. « Salut bonhomme, dit-il. Tu as bien dormi ? Reste donc encore au lit, le temps que je rallume le feu et qu’il fasse un peu plus chaud. » « Dis, Papa, il y a vraiment eu des trappeurs ici ? » demande Florian. « Oui, bien sûr, répond Jean. Ce sont eux qui ont construit la Cabane. À l’époque, il y avait beaucoup de trappeurs dans la forêt. Ils passaient l’hiver à chasser tous les animaux à fourrure – renards, castors, écureuils, ours… Et, au printemps, ils allaient vendre les fourrures en ville pour gagner de l’argent. Mais à force d’être chassés, les animaux se sont faits de plus en plus rares, et les trappeurs ont, eux aussi, disparu peu à peu. Allez, viens prendre ton petit-déjeuner. Bob va bientôt arriver et il vient avec une surprise. »
Bob, c’est le coéquipier de Jean et aussi son meilleur ami. Bob est un Indien de la tribu des Algonquins, l’une des plus anciennes du Canada, qui vivait déjà là avant l’arrivée des hommes blancs*. Florian est très impressionné chaque fois qu’il le rencontre, car Bob est très costaud et porte un collier avec quatre énormes griffes d’ours. C’est sans doute pour rappeler son nom indien qui est « Patte d’Ours ». « Les voilà ! » dit Jean, en entendant un bruit de moteur qui se rapproche. « Les voilà ? » s’étonne Florian, en enfilant son manteau. Dehors, le temps est splendide, mais le froid est vif. Le thermomètre indique – 25 °C ! Bob est arrivé et discute déjà avec Jean. Apparemment, les nouvelles ne sont pas bonnes, car tous les deux ont l’air préoccupés. Florian s’approche et aperçoit, derrière Bob, un enfant emmitouflé dans un anorak. « Salut ! » dit Florian, et l’enfant lui répond d’un signe de tête. « Allons nous mettre au chaud », dit Jean, en entraînant tout le monde dans la Cabane.
À l’intérieur, Jean fait les présentations : « Florian, tu connais déjà Bob, et voici sa fille, Annie, qui a dix ans. » « Bonjour Florian, ravie de te rencontrer », dit Annie. « Heu, bonjour », répond Florian, qui ne s’attendait pas à voir une fille. « Bon, les enfants, Bob et moi, nous avons une urgence, dit Jean. Un chasseur a réveillé un ours noir pendant son hibernation*, et il a été blessé par l’animal. Nous devons partir à son secours. Nous serons de retour avant la nuit. Restez à proximité de la Cabane et soyez vigilants. » Après le départ des papas, Florian soupire : « Pff, moi qui croyais que Papa allait me faire découvrir la forêt. Voilà que je me retrouve coincé ici à cause d’un ours ! Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ? » « Et en plus, tu te retrouves avec une fille sur les bras, ajoute Annie en riant. Tu sais, je connais bien la forêt, et si tu veux, je peux te montrer plein de trucs sympas. » « Mais ce n’est pas ce que je voulais dire, répond Florian, confus. C’est juste que je voulais passer un peu de temps avec mon père. Bon, qu’est-ce que tu proposes ? » « On pourrait commencer par se préparer un bon déjeuner, dit Annie. Ce voyage en motoneige m’a donné faim. J’ai une recette de sandwich très spécial, tu veux goûter ? » « O.K., répond Florian. C’est une recette indienne ? » « Ah, tu croyais que j’allais te faire goûter des trucs bizarres comme des racines magiques ou de la queue de castor, répond Annie en préparant les sandwichs. Tu sais, les Indiens qui vivent dans des tipis, c’est fini. On habite dans des maisons et on mange comme vous, avec, peut-être, un peu plus de poissons, parce qu’on aime bien pêcher. Cette recette-là, c’est moi qui l’ai inventée. Je mets du beurre de cacahuète sur du pain de mie avec des tranches de pommes et du bacon séché. Tu vas voir, c’est terrible ! » Florian mord dans son sandwich et, la bouche pleine, confirme : « Humm, ch’est chuper bon ! » Une fois les sandwichs avalés, Annie entraîne Florian dehors en lui disant : « Viens, on va chercher notre dessert. » Florian ne comprend pas vraiment, mais il se dit qu’avec cette fille, il n’est pas au bout de ses surprises. Il la suit, en marchant péniblement dans la neige, à travers les arbres. « Où est-ce que tu veux trouver un dessert par ici ? » demande-t-il. « Ici, justement, répond Annie, en posant la main sur le tronc d’un grand arbre. On va se faire des sucettes avec la sève* de cet érable*. Regarde. » Annie sort un couteau de sa poche et fait une entaille* dans l’écorce du tronc. Un liquide épais et doré en sort, peu à peu. Annie prend une brindille et l’entoure de sève délicieusement sucrée, puis la plonge dans la neige pour qu’elle durcisse. « Et voilà, monsieur est servi ! » dit-elle, en tendant la sucette à Florian. « Wouah, t’es vraiment forte, toi ! » déclare Florian admiratif.
Tout en dégustant leur sucette, les deux enfants se promènent jusqu’à atteindre la rive d’un lac gelé. « Et si on se faisait une partie de pêche blanche ? » propose Annie. « C’est quoi encore ce truc-là ? » demande Florian. « Nous, les Algonquins, dit Annie, on pêche toute l’année, même en hiver, quand les lacs sont gelés. Il suffit de creuser un trou dans la glace, d’y mettre une ligne, et ça mord. Tu veux essayer ? » La fillette s’aventure sur la glace. « Allez viens, encourage Annie. La glace est très épaisse. Il n’y a pas de danger. » Elle choisit un endroit et commence à creuser la glace à l’aide de son couteau. Les deux enfants se relaient, car le travail est dur. Enfin, ils atteignent l’eau. Annie sort de sa poche des boulettes de mie de pain et une ligne de pêche avec un hameçon. « Je l’ai toujours avec moi quand je viens à la Cabane », dit-elle avec un clin d’œil. Elle accroche une boulette de pain et laisse tomber la ligne dans le trou, puis la confie à Florian. « Quand tu sens que quelque chose tire sur le fil en donnant des petits coups, tu remontes la ligne, O.K. ? » explique Annie. Après plusieurs longues minutes, Florian commence à s’agiter. « Je crois que ça mord ! » dit-il. Les enfants remontent la ligne. Hourra, ils ont attrapé un beau poisson tout frétillant ! Allez, on recommence. Quelle belle pêche ! Ils en ont une bonne demi-douzaine, quand, soudain, Annie se redresse et regarde les alentours. « Viens, on s’en va », dit-elle en prenant le bras de Florian. « Mais pourquoi ? J’ai encore envie de pêcher, moi ! » ronchonne le garçon. « Alors, regarde ce qui vient vers nous et tu vas comprendre », répond Annie.
Florian se retourne : de l’autre côté du lac, un gros ours noir sort de la forêt et s’avance sur le lac gelé dans leur direction. « Il a faim, murmure Annie. Laisse les poissons, il sera content et il nous laissera partir. » Les enfants reculent doucement jusqu’à la rive. Pendant ce temps, l’ours a trouvé les poissons et les dévore sans se préoccuper du reste. Les enfants, quant à eux, se sont dépêchés de regagner la Cabane. « Ouf ! souffle Florian, à peine remis de ses émotions. Mais, Annie, comment savais-tu que l’ours allait sortir de la forêt et qu’il avait faim ? » « Facile, répond Annie. Ce doit être l’ours dont parlaient nos papas. Il s’est réveillé le ventre vide et, avec toute cette neige, impossible de trouver à manger. Dès qu’il aura mangé ses poissons, il retournera dans sa tanière finir son gros dodo. Et puis, tu oublies une chose : je suis Annie « Petite Ourse », la fille de Bob « Patte d’Ours ». L’ours est le totem* de ma famille. Alors, quand il y en a un dans les parages, je le sais, c’est tout. » « Je te remercie, Annie « Petite Ourse », déclare Florian, la main sur le cœur. J’ai appris beaucoup de choses avec toi, aujourd’hui. Quand je vais raconter tout ça aux copains de l’école, ils ne vont pas en revenir. »
Florian est réveillé, mais il préfère rester encore un peu sous l’épaisse couverture en peau de bête dont les poils lui chatouillent le bout du nez. Autour de lui, il fait froid et ça sent fort le feu de cheminée. Sa première nuit à la Cabane s’est très bien passée. Il faut dire que, hier, après le long voyage en motoneige qu’il a fait avec son père pour venir jusqu’ici, Florian s’est écroulé de fatigue. À présent, la vie sauvage peut commencer. Que c’est excitant ! La porte de la Cabane s’ouvre sur Jean, le papa de Florian, les bras chargés de bois. « Salut bonhomme, dit-il. Tu as bien dormi ? Reste donc encore au lit, le temps que je rallume le feu et qu’il fasse un peu plus chaud. » « Dis, Papa, il y a vraiment eu des trappeurs ici ? » demande Florian. « Oui, bien sûr, répond Jean. Ce sont eux qui ont construit la Cabane. À l’époque, il y avait beaucoup de trappeurs dans la forêt. Ils passaient l’hiver à chasser tous les animaux à fourrure – renards, castors, écureuils, ours… Et, au printemps, ils allaient vendre les fourrures en ville pour gagner de l’argent. Mais à force d’être chassés, les animaux se sont faits de plus en plus rares, et les trappeurs ont, eux aussi, disparu peu à peu. Allez, viens prendre ton petit-déjeuner. Bob va bientôt arriver et il vient avec une surprise. »
Bob, c’est le coéquipier de Jean et aussi son meilleur ami. Bob est un Indien de la tribu des Algonquins, l’une des plus anciennes du Canada, qui vivait déjà là avant l’arrivée des hommes blancs*. Florian est très impressionné chaque fois qu’il le rencontre, car Bob est très costaud et porte un collier avec quatre énormes griffes d’ours. C’est sans doute pour rappeler son nom indien qui est « Patte d’Ours ». « Les voilà ! » dit Jean, en entendant un bruit de moteur qui se rapproche. « Les voilà ? » s’étonne Florian, en enfilant son manteau. Dehors, le temps est splendide, mais le froid est vif. Le thermomètre indique – 25 °C ! Bob est arrivé et discute déjà avec Jean. Apparemment, les nouvelles ne sont pas bonnes, car tous les deux ont l’air préoccupés. Florian s’approche et aperçoit, derrière Bob, un enfant emmitouflé dans un anorak. « Salut ! » dit Florian, et l’enfant lui répond d’un signe de tête. « Allons nous mettre au chaud », dit Jean, en entraînant tout le monde dans la Cabane.
À l’intérieur, Jean fait les présentations : « Florian, tu connais déjà Bob, et voici sa fille, Annie, qui a dix ans. » « Bonjour Florian, ravie de te rencontrer », dit Annie. « Heu, bonjour », répond Florian, qui ne s’attendait pas à voir une fille. « Bon, les enfants, Bob et moi, nous avons une urgence, dit Jean. Un chasseur a réveillé un ours noir pendant son hibernation*, et il a été blessé par l’animal. Nous devons partir à son secours. Nous serons de retour avant la nuit. Restez à proximité de la Cabane et soyez vigilants. » Après le départ des papas, Florian soupire : « Pff, moi qui croyais que Papa allait me faire découvrir la forêt. Voilà que je me retrouve coincé ici à cause d’un ours ! Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ? » « Et en plus, tu te retrouves avec une fille sur les bras, ajoute Annie en riant. Tu sais, je connais bien la forêt, et si tu veux, je peux te montrer plein de trucs sympas. » « Mais ce n’est pas ce que je voulais dire, répond Florian, confus. C’est juste que je voulais passer un peu de temps avec mon père. Bon, qu’est-ce que tu proposes ? » « On pourrait commencer par se préparer un bon déjeuner, dit Annie. Ce voyage en motoneige m’a donné faim. J’ai une recette de sandwich très spécial, tu veux goûter ? » « O.K., répond Florian. C’est une recette indienne ? » « Ah, tu croyais que j’allais te faire goûter des trucs bizarres comme des racines magiques ou de la queue de castor, répond Annie en préparant les sandwichs. Tu sais, les Indiens qui vivent dans des tipis, c’est fini. On habite dans des maisons et on mange comme vous, avec, peut-être, un peu plus de poissons, parce qu’on aime bien pêcher. Cette recette-là, c’est moi qui l’ai inventée. Je mets du beurre de cacahuète sur du pain de mie avec des tranches de pommes et du bacon séché. Tu vas voir, c’est terrible ! » Florian mord dans son sandwich et, la bouche pleine, confirme : « Humm, ch’est chuper bon ! » Une fois les sandwichs avalés, Annie entraîne Florian dehors en lui disant : « Viens, on va chercher notre dessert. » Florian ne comprend pas vraiment, mais il se dit qu’avec cette fille, il n’est pas au bout de ses surprises. Il la suit, en marchant péniblement dans la neige, à travers les arbres. « Où est-ce que tu veux trouver un dessert par ici ? » demande-t-il. « Ici, justement, répond Annie, en posant la main sur le tronc d’un grand arbre. On va se faire des sucettes avec la sève* de cet érable*. Regarde. » Annie sort un couteau de sa poche et fait une entaille* dans l’écorce du tronc. Un liquide épais et doré en sort, peu à peu. Annie prend une brindille et l’entoure de sève délicieusement sucrée, puis la plonge dans la neige pour qu’elle durcisse. « Et voilà, monsieur est servi ! » dit-elle, en tendant la sucette à Florian. « Wouah, t’es vraiment forte, toi ! » déclare Florian admiratif.
Tout en dégustant leur sucette, les deux enfants se promènent jusqu’à atteindre la rive d’un lac gelé. « Et si on se faisait une partie de pêche blanche ? » propose Annie. « C’est quoi encore ce truc-là ? » demande Florian. « Nous, les Algonquins, dit Annie, on pêche toute l’année, même en hiver, quand les lacs sont gelés. Il suffit de creuser un trou dans la glace, d’y mettre une ligne, et ça mord. Tu veux essayer ? » La fillette s’aventure sur la glace. « Allez viens, encourage Annie. La glace est très épaisse. Il n’y a pas de danger. » Elle choisit un endroit et commence à creuser la glace à l’aide de son couteau. Les deux enfants se relaient, car le travail est dur. Enfin, ils atteignent l’eau. Annie sort de sa poche des boulettes de mie de pain et une ligne de pêche avec un hameçon. « Je l’ai toujours avec moi quand je viens à la Cabane », dit-elle avec un clin d’œil. Elle accroche une boulette de pain et laisse tomber la ligne dans le trou, puis la confie à Florian. « Quand tu sens que quelque chose tire sur le fil en donnant des petits coups, tu remontes la ligne, O.K. ? » explique Annie. Après plusieurs longues minutes, Florian commence à s’agiter. « Je crois que ça mord ! » dit-il. Les enfants remontent la ligne. Hourra, ils ont attrapé un beau poisson tout frétillant ! Allez, on recommence. Quelle belle pêche ! Ils en ont une bonne demi-douzaine, quand, soudain, Annie se redresse et regarde les alentours. « Viens, on s’en va », dit-elle en prenant le bras de Florian. « Mais pourquoi ? J’ai encore envie de pêcher, moi ! » ronchonne le garçon. « Alors, regarde ce qui vient vers nous et tu vas comprendre », répond Annie.
Florian se retourne : de l’autre côté du lac, un gros ours noir sort de la forêt et s’avance sur le lac gelé dans leur direction. « Il a faim, murmure Annie. Laisse les poissons, il sera content et il nous laissera partir. » Les enfants reculent doucement jusqu’à la rive. Pendant ce temps, l’ours a trouvé les poissons et les dévore sans se préoccuper du reste. Les enfants, quant à eux, se sont dépêchés de regagner la Cabane. « Ouf ! souffle Florian, à peine remis de ses émotions. Mais, Annie, comment savais-tu que l’ours allait sortir de la forêt et qu’il avait faim ? » « Facile, répond Annie. Ce doit être l’ours dont parlaient nos papas. Il s’est réveillé le ventre vide et, avec toute cette neige, impossible de trouver à manger. Dès qu’il aura mangé ses poissons, il retournera dans sa tanière finir son gros dodo. Et puis, tu oublies une chose : je suis Annie « Petite Ourse », la fille de Bob « Patte d’Ours ». L’ours est le totem* de ma famille. Alors, quand il y en a un dans les parages, je le sais, c’est tout. » « Je te remercie, Annie « Petite Ourse », déclare Florian, la main sur le cœur. J’ai appris beaucoup de choses avec toi, aujourd’hui. Quand je vais raconter tout ça aux copains de l’école, ils ne vont pas en revenir. »
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